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 « Je veux voir le monde et étudier ce qui est différent d’ici, dit Nazuka d’une voix claire et assurée. Je veux comprendre la nature humaine, ce qui fait qu’un être est bon et un autre mauvais. Les autres peuples, les autres pays, les autres coutumes. Je veux aller là où le soleil se lève et là où il se couche, je veux parcourir la Terre entière et étudier les différences des autres peuples, pourquoi ils le sont et comment ils le sont devenus. »            

ODELICAT

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Aux éditions Les Presses Littéraires

Nazuka est une jeune fille bien singulière ; ses os transcrivent ses émotions, se brisant au gré des déconvenues et se renforçant avec la joie, la colère et la haine. Bien entendu, comme dans tout conte digne de ce nom, ses parents sont décédés à sa naissance, et Tante, une amie de ces-derniers, s’est occupé d’elle avec une attention et un amour rares, la protégeant de l’extérieur afin que son état jamais ne se déclare. Pour Nazuka, l’horizon se limite à la colline qu’elle voit depuis sa fenêtre, et le soleil se couche derrière le lac qui se trouve non loin.

Un jour cependant, une chose étrange se produit. Sous l’effet d’une émotion ressentie lors de la lecture d’un roman, son petit doigt se brise… Début d’une grande aventure pour la jeune fille qui se rend ainsi compte des limitations de son monde.

 

Nazuka quitte alors son cocon et part à la découverte du vaste monde. Naïve, innocente, comme Candide se confrontant à la réalité des Hommes, elle s’intéresse tout particulièrement à l’étude du mensonge et à ses origines au sein du langage, cherchant, tout au long de son voyage, les réponses à ses questions et la compréhension de cet état qui la caractérise. Au fur et à mesure des expériences, Nazuka grandit, s’étoffe, et découvre la personne qu’elle souhaite devenir.

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Les Chroniques

Les Extraits

« Nazuka ne connaissait ni le danger ni la peur ; elle n’avait jamais été confrontée à l’un ou à l’autre et n’avait donc aucune raison de les redouter.

Quand Eileen lui intima de la suivre dans les crevasses qui parcouraient la gare, recouvertes d’étranges tranches de bois et maintenues par une interminable barre de fer, elle s’exécuta, comme elle l’aurait fait avec n’importe quel inconnu. Elle avait bien conscience que certaines personnes devaient être tenues à distance, et que ces personnes sentaient mauvais et avaient des cernes, tout comme Eileen, mais elle ne pouvait envisager un instant que cette jeune fille de son âge puisse lui faire du mal, tout comme le petit vendeur de pommes ; c’était tout simplement inimaginable.

Nazuka aimait beaucoup ces étranges tranchées qui défiguraient la terre, et ce son qu’elle percevait au loin, comme dans un rêve, et qui se rapprochait tout doucement, faisant trembler le monde ; tout était féerique, tout était nouveau, elle ne pouvait qu’apprécier l’instant.

Heureuse de sa bonne fortune et du déroulement de son voyage, de cet endroit féérique et de ces sensations nouvelles qui l’envahissaient, elle se mit à danser, virevolter, tournoyer, sautant de planche en planche et suivant le dédale de fer et de bois qui défilait sous ses pieds. Ce n’est qu’au bout de quelques minutes qu’elle se rendit compte de la présence d’Eileen au-dessus d’elle, qui la regardait avec stupeur, faisant de grands gestes avec ses bras, alors que Nazuka dansait encore, toute heureuse d’être là. Elle ne l’entendait pas, le vacarme était trop grand, alors elle se rapprocha, tout sourire. Eileen semblait hurler, son visage tendu et déformé par un sentiment étrange, son corps s'agitant en tous sens tandis qu'elle avançait ses bras en tentant d’attraper Nazuka ; celle-ci crut à un autre jeu et essaya de la faire descendre dans la crevasse, mais sa nouvelle amie semblait si terrorisée qu'elle se laissa porter vers le haut.»

« Elle aurait pu lui mentir, lui dire qu’il avait été illusionné par les caractéristiques si étranges de la pièce, que ses yeux lui avaient joué un tour, que le canapé l’avait intégralement engloutie et créé un effet, une illusion d’optique qui s’était confondue avec la réalité. Elle aurait pu lui dire qu’elle avait pris de ce quelque chose dont elle avait entendu parler, que les autres étudiants prenaient pour se détendre, que l'effet avait été plus puissant qu'escompté, ou encore qu’il s’agissait d’un savant tour de magie pour le terrifier.

Mais Nazuka n’était encore que peu habituée aux mensonges et à la déception ; les sentiments qui se reflétaient dans son être à chaque omission, à chaque demi-mensonge, étaient déjà trop douloureux pour sa petite personne. Elle était gênée par cette part de l’humanité qui semblait toujours vouloir minimiser, cacher, mentir et se leurrer. Elle ne comprenait toujours pas ce besoin incessant de paraître, pas pour obtenir de la nourriture ou séduire comme chez les animaux, non, mais pour créer un vernis de superficialité social, devenir quelqu’un d’autre ou un peu plus, un peu moins, se protéger derrière un écran d’illusions par peur de ne pas être assez, ou au contraire être trop à ses propres yeux. »

« La route inexistante faisait vibrer la voiture avec tant que force que Nazuka devait s’accrocher de ses deux mains, ancrant ses pieds au sol, pour ne pas basculer par-dessus bord. Elle avait quitté l’université deux heures plus tôt en compagnie de son guide, Mahiya, un jeune Hadza qui avait rejoint l’université quelques années auparavant pour y apprendre le swahili et l’anglais, les deux langues officielles tanzaniennes.

Les paysages qui défilaient autour d’elle étaient à couper le souffle ; la voiture suivait une gigantesque faille dans le sol qui s’étendait à perte de vue, d’où sortaient des arbres de toutes les teintes de vert. Des oiseaux multicolores semblaient danser tout autour, plongeant en piqué dans la faille, au milieu de la végétation, avant de ressortir d’un coup un peu plus loin, virevoltant dans un tourbillon de feuilles et de fleurs.

Puis, sans crier gare, le paysage changea, devenant plaine aride où seuls le sable et la poussière paraissaient habiter les lieux, asséchant la gorge et les yeux, rendant difficile la contemplation de cette étendue désertique où rien ne semblait en mesure de survivre.

Au détour d’un chemin, la verdure reprit à nouveau tous ses droits, et le paysage redevint alors d’un vert flamboyant où le vol des flamants roses se découpa soudain sur fond de volcan enneigé, tandis qu’un troupeau d’éléphants avançait en file indienne au cœur de la steppe.»

L'Interview

Pourquoi avoir écrit Odélicat ? 

Odélicat est un roman écrit en parallèle de mon précédent ouvrage “Useless Eaters, l’homme sans but”. En écrivant ces deux romans, j’ai tenté d’exacerber au maximum deux personnalités aux antipodes qui cohabitent en moi dans une moindre mesure. Dans Useless Eaters, l’homme sans but, il s’agissait d’un psychopathe, monstre logique sans émotions et sans morale, dans Odélicat, l’héroïne est au contraire l’image même de l’innocence naïve, une Candide des temps modernes tentant de faire face à un monde qu’elle ne comprend pas et la heurte.

Pour moi, ces deux ouvrages sont intimement liés car ils amènent le lecteur à avoir une réflexion sur de nombreuses thématiques actuelles, sociétales et environnementales, et questionnent le sens de la vie que chaque être est en droit de se poser. Mes deux “héros” sont constamment dans cette quête, bien qu’ils soient radicalement différents dans son application.

Combien de temps mettez-vous à écrire un roman ? 

Je me limite et écris en moyenne deux livres par an, bien que mon imagination m’ordonne d’en réaliser davantage. Pour contenter ma soif d’écrits, je participe donc de plus en plus à des concours de nouvelles, davantage pour me donner des défis et une constance dans l’écriture que pour de quelconques prix.

Contrairement à d’autres ouvrages, Odélicat, ainsi que Useless Eaters, ont été écrits sur une période de 4 ans, mais sur en moyenne une durée de travail effectif de 3 mois chacun, en parallèle... J’ai encore d’autres manuscrits dans les tiroirs, dont un écrit cette année, et un autre est en cours d’écriture.

Y a-t’il un lien entre les personnages et votre vie ?

Odélicat est “presque” un livre tout public. Je ne le conseillerai pas à tous pour autant – à cause d’une scène en particulier – mais il est de toute évidence accessible à un plus grand nombre que mon précédent roman, Useless Eaters, l’homme sans but. Je pense que ce conte pour adultes peut être lu par tous, et j’espère qu’il plaira et marquera les esprits comme le premier a pu le faire, mais cette fois-ci, tout en douceur.

À qui s’adresse Odélicat ?

Odélicat réunit différents univers qui me sont chers. Nazuka, l’héroïne, évolue dans un monde qui n’est pas bien différent du nôtre, et pourtant, entre les lignes, le merveilleux a sa place là où d’habitude il n’existe que dans notre imaginaire. Je me suis énormément plu à rendre merveilleux les décors du livre, sans pour autant exacerber les différences existant avec notre monde, car il s’agit presque de ma propre vision, de ce que j’admire et mets en exergue alors que j’observe des paysages. De même, toutes les problématiques liées à l’évolution de Nazuka m’intriguent et m’interpellent, comme ses recherches liées à l’origine du langage ou du mensonge, ou encore son voyage en Chine, tiré de mon expérience personnelle.

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