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  • Florence Sand

Prise au piège

Je n’ai pas écrit depuis longtemps.

À dire vrai, je n’ai pas lu depuis longtemps non plus.


Je ressens cet étau qui me prend aux tripes, qui m’empêche de respirer, qui contracte mes poumons et ma cage thoracique, quelque part entre le coeur et le cerveau, entre les émotions et l’esprit.


Un an déjà.

Tant et si peu à la fois.

Le quotidien ne bouge pas, les arbres continuent de perdre leurs feuilles et d’en créer de nouvelles, les oiseaux de piailler et de se faire buter par les chasseurs – et les chats - , le vent souffle et les étoiles naissent, existent et meurent. Tout tourne rond. Tout continue. La course au temps ne s’est pas arrêtée et ne le fera jamais. Elle n’a pas besoin de nous pour cela. Et pourtant.

Pourtant, l’étau se resserre.

Je suis libre. Autant que possible. Je vis les saisons, le vert, le gris, le bleu, le froid, le chaud. L’air souffle sur mon visage, les étoiles m’éclairent, le feu brûle dans la cheminée, les voisins me sourient, l’alcool m’empâte et m’engourdit, les idées fusent, le pinceau s’extasie, les mains s’occupent et le cerveau s’endort.

Et pourtant.


Je ne lis plus.

Je n’écris plus.


La parenthèse s’est ouverte sur un moment perdu de liberté. D’expression, de mouvement, de voyages, de rencontres, de fêtes, de foules.

Je n’ai jamais aimé la foule.

Et pourtant, je la boirais toute entière.


Je rêve de musique au soleil, au milieu de corps transpirants et alcoolisés, euphoriques et libres.

Je rêve de visages à découvert, pour une fois, ne pas faire appel à l’imaginaire pour savoir ce qui se cache en-dessous. Cesser d’être surprise alors que le dessin ne colle pas à la réalité.

Je rêve de tendres baisers, de bises, de caresses impromptues, de touchers qui se perdent dans la distance imposée.

Je rêve que cesse la peur, la sensation morbide qui règne sur tout un chacun et nous empêche de vivre.

Je rêve que l’on s’en foute, que l’on décrète “vive la vie, à bas la mort”, et que l’on scande ces mots au soleil, tous ensemble, bras dessus, bras dessous, bas les masques, sourire au vent, que l’on reconquière notre liberté perdue.

Je veux pouvoir lire à nouveau.

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